La livraison des derniers mètres

30/7/2019
Les auteurs de cet article
Nicolas Louvet
Fondateur et Directeur
Contexte

La généralisation de l’achat en ligne et des nouvelles pratiques de consommation associées conduisent à une multiplication des livraisons. Ainsi, on estime qu’à Paris, plus de 200 000 livraisons d’achat en ligne à destination des particuliers ont lieu chaque jour et elles seraient près d’un million à New York. À New York et à Paris, face à l’explosion du e-commerce, comment concilier les derniers kilomètres du livreur avec la remise rapide de la livraison ?

Méthodologie

Cette grande enquête web (via access panel) a été réalisée à l’automne 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 1 290 Parisiens et 888 New-Yorkais dans le cadre d’une recherche réalisée par 6t-bureau de recherche, et financée sur fonds propres, en partenariat avec l’Université de New York et son centre de transport, le NYU Rudin Center of Transportation. 152 questions ont été posées pour caractériser les pratiques d’achat d’e-commerce (alimentaire et non alimentaire), de livraisons express, le recours à la livraison de repas à domicile et les pratiques modales des résidents. Les répondants ont été sélectionnés suivant une méthode d’échantillonnage visant à l’assemblage d’un échantillon représentatif de la population parisienne et new-yorkaise selon la méthode des quotas. Un redressement de la pondération a permis d’assurer la représentativité des échantillons en termes :

  • D’âge, de sexe et de catégories socioprofessionnelles pour l’échantillon parisien (d’après les données INSEE Paris 2013) ;
  • D’âge, de sexe et de revenu du ménage par unité de consommation pour l’échantillon new-yorkais (d’après les données US Census 2010).

Quelques extraits de l'article :
  • La livraison à domicile en main propre est le mode le plus couramment expérimenté au sein des deux métropoles : plus du quart des Parisiens et New-Yorkais y ont eu recours lors de leur dernière commande en ligne. De nombreuses alternatives à la livraison à domicile en main propre se développent autour de services (points relais, conciergeries spécialisées, récupération en magasin), de pratiques (livraison sur le lieu de travail) ou de nouveaux dispositifs technologiques (consignes automatiques). Chacune de ces modalités repose sur une étape intermédiaire entre la livraison du dernier kilomètre et la réception du colis par le client final : l’étape des « derniers mètres ».
  • Il existe des pratiques de récupération des colis spécifiques à chacune des villes étudiées, ainsi :20 % des Parisiens ont choisi le point relais pour récupérer leur dernier achat en ligne contre 1% des New-Yorkais. Les New-Yorkais, qui ne bénéficient pas d’un réseau de points relais aussi dense, sont deux fois plus nombreux que les Parisiens à avoir réceptionné leur dernier achat via leur concierge (doorman).
  • L’offre logistique s’enrichit de services de livraison de plus en plus rapides réduisant grandement le temps d’attente entre l’achat et la réception des marchandises. Les Parisiens sont de e-consommateurs prêts à se déplacer pour récupérer leurs commandes effectuées en ligne dans un point relais, en magasin ou dans des consignes tandis que les New-Yorkais sont des e-consommateurs prêts à payer plus cher pour se faire livrer rapidement et ne pas se déplacer en magasin.
  • A l’avenir, on peut imaginer que l’augmentation des volumes de livraison pourrait modifier radicalement les stratégies des commerçants offrant des services de récupération de colis : cette activité d’intermédiation pourrait devenir leur activité principale. Cependant, la tendance à l’extension des horaires de livraison à domicile (jusqu’à 23 heures parfois) peut rendre de moins en moins pertinent le recours au point relais et pourrait conduire à leur disparition progressive. En parallèle, la consigne automatique, souvent présentée comme l’avenir de la logistique urbaine, est encore un mode de récupération de niche qui peine à convaincre. Cette alternative connaît de nombreuses limites (sécurité des colis, adaptation des casiers aux différents volumes des colis, empreinte spatiale) qui posent la question de son adéquation avec les exigences des e-consommateurs.

⬇ Retrouvez la version intégrale de l'article dans la revue Urbanisme (n°413 - Eté 2019)

➡ Pour télécharger le rapport complet (83 p) ainsi qu’une synthèse (8 p), cliquez ici