Les enjeux de la desserte des rives du lac par les transports publics à Genève

27/5/2025
Les auteurs de cet article
Fabrice Zobele
Chargé d'études et de recherche
Sébastien Munafò
Directeur filiale Suisse

Les loisirs, angle mort de la planification des transports à Genève

A Genève, les loisirs représentent depuis longtemps le premier moteur de la mobilité, tant en nombre, en distance qu’en émissions. Bien qu’ils aient lieu majoritairement en semaine et à proximité du domicile, ces déplacements restent encore très dépendants de la voiture, posant un défi majeur en matière de transition écologique. Pourtant, les outils de planification actuels, comme le modèle multimodal transfrontalier (MMT), négligent largement cette réalité, étant centrés sur les trajets domicile-travail et dès lors incapables d’intégrer les motivations liées au plaisir ou aux attraits paysagers comme un lac ou un parc. Dans un contexte de réchauffement climatique, l’accès à des espaces de fraîcheur, notamment au lac Léman, devient pourtant essentiel pour le bien-être urbain, soulignant l’urgence d’une prise en compte plus large des loisirs dans les politiques de mobilité.

Objectifs de l’étude

L’objectif de cette étude succincte et réalisée sur fonds propres, consiste à mettre en lumière les enjeux de la desserte en transports publics des rives du lac Léman en période estivale, en mettant en évidence la fréquentation importante et en croissance des arrêts TPG proche de cette aménité naturelle et de plein air majeur.

Les travaux exploratoires menés en fin d’étude offrent également un aperçu de certaines liaisons complémentaires TP à évaluer dans l’optique de garantir une accessibilité équitable aux plages et espaces de détente sur l’ensemble du territoire, notamment en connectant mieux les zones denses du canton, en particulier les quartiers populaires, aux rives du lac.

Précisions méthodologiques

Pour cette recherche, les données en libre accès des Transports publics genevois (TPG) ont été utilisées. Elles fournissent, depuis le 1er juillet 2021, le nombre quotidien de montées et descentes de chaque arrêt du réseau. L’analyse s’est concentrée sur la fréquentation des 40 arrêts situés à moins de 250 mètres du lac, appelés «arrêts lacustres », laquelle a été comparée à celle des « arrêts de contrôle », arrêts situés dans 5 typologies territoriales différentes.

Résultats-clés 

1. La rive du lac : un axe vital pour une mobilité durable et climatique
La desserte en transports publics des rives du Léman est un levier central pour décarboner les déplacements, faire face au réchauffement climatique et intégrer enfin les loisirs et activités de plein air dans la planification des transports.

2. Une fréquentation estivale en forte croissance : les arrêts lacustres pris d’assaut
Les données révèlent une affluence marquée aux arrêts proches du lac durant l’été, moteur de la hausse de l’usage des transports publics à cette période.

3. Le lac comme refuge climatique : une demande qui ne fera qu’augmenter
La montée en puissance des mobilités vers le pourtour lacustre est portée par un besoin croissant de fraîcheur et d’espaces de baignade, besoins appelés à s’intensifier avec l’aggravation du réchauffement climatique.

4. Une demande concentrée mais mal desservie : l’inégalité des accès saute aux yeux
Les arrêts lacustres les plus fréquentés l’été se situent près des zones urbaines centrales, surtout sur la rive gauche. Cette concentration illustre l’enjeu d’une desserte plus homogène et équitable sur l’ensemble des plages et espaces de détente lacustres.

5. 2025 : un tournant avec la “Ligne des plages”
Le lancement de la “Ligne des plages” au printemps 2025 marque un progrès important. Il ouvre la voie à une réflexion plus large sur la mise en réseau des plages et espaces de détente lacustres, en s’appuyant sur les besoins réels des usagers.

6. Pour une mobilité lacustre inclusive : connecter mieux les territoires au Léman
Les premiers travaux identifient des besoins clairs en liaisons complémentaires pour garantir un accès équitable aux rives du lac, notamment pour les quartiers populaires et les zones urbaines denses encore mal reliées.